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Altéo confiant malgré la polémique sur les boues rouges

par Jean-François Rosnoblet

GARDANNE, Bouches-du-Rhône (Reuters) - Pointé du doigt pour avoir déversé pendant des années des boues rouges dans la Méditerranée, le groupe Altéo s'est déclaré lundi confiant dans sa capacité à respecter d'ici 2021 les normes environnementales pour le rejet de ses effluents, objet d'une récente polémique entre Manuel Valls et Ségolène Royal.

La direction ne s'inquiète pas davantage de la restructuration du groupe qui pourrait se séparer d'ici la fin de l'année de trois sites de production d'alumine, en France et en Allemagne, pour ne conserver que l'usine de Gardanne.

Le site des Bouches-du-Rhône, qui représente 440 emplois directs et 300 indirects, a obtenu en décembre 2015 l'autorisation de poursuivre le rejet en mer des effluents liquides, au coeur du Parc national des Calanques.

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"L'objectif est d'épurer encore les effluents pour les rendre compatibles avec les seuils demandés pour 2021", a dit à la presse le directeur des opérations du site, Eric Duchenne.

Il a présenté lundi un pilote industriel pour améliorer la qualité des effluents, le second en six mois, une recherche pour un coût estimé à 500.000 euros pour 2016.

"On a une responsabilité, on fait ce qu'on peut pour réduire notre impact environnement, même si on aimerait parfois aller plus vite", a-t-il indiqué.

Selon l'industriel, une nouvelle station de traitement des eaux a déjà permis depuis novembre de cesser définitivement le rejet de boues rouges en mer.

Altéo a par ailleurs lancé au début de l'été une campagne de suivi des rejets pour "répondre aux interrogations sur l'impact écologique et sanitaire" de ses rejets liquides. Une étude que le groupe dit financer à hauteur de 1,5 million d'euros.

Lors de la Commission de suivi de site (CSS), qui doit tenir le 26 septembre à Marseille sa troisième réunion pour évaluer l'impact de l'usine d'alumine, l'industriel devra présenter une feuille de route sur les solutions envisagées pour atteindre les objectifs de 2021, mais aussi détailler les financements nécessaires à sa mise en oeuvre.

CHANTAGE A L'EMPLOI ?

Or le fonds d'investissement américain HIG, propriétaire d'Altéo depuis 2012, envisage de céder au groupe industriel français Imerys trois de ses quatre unités de production d'alumine, une annonce qui renforce l'inquiétude dans l'ancienne ville minière de 20.000 habitants.

"Tout le monde a des craintes, mais c'est vrai que l'industrie du bassin a déjà été durement touchée", a dit à Reuters le maire communiste de la ville depuis 1977, Roger Méï.

La vente des sites de Beyrède (Hautes-Pyrénées), de La Bâthie (Savoie) et de Teutschenthal en Allemagne pourrait être effective d'ici la fin de l'année, Altéo ne conservant que le site de Gardanne.

"Cela n'aura qu'un impact très limité sur l'usine. On travaille énormément sur la partie environnement mais on recentre aussi notre activité sur l'alumine de spécialité qui est un pôle de croissance stratégique, notamment sur les marchés asiatiques", souligne Eric Duchenne.

DIVERGENCES AU GOUVERNEMENT

La vente de ses filiales par Altéo est pourtant un nouveau signal négatif pour les détracteurs du groupe qui accusent l'industriel de se livrer à un "chantage à l'emploi" pour pouvoir poursuivre ses rejets liquides.

"Le chantage à l'emploi est illusoire", dénonce Europe Ecologie-Les Verts (EELV) dans un communiqué. "Le gouvernement se montre encore une fois bien trop sensible aux arguments des industriels et incapable de privilégier la santé publique et l'intérêt général".

La polémique divise jusque dans les rangs du gouvernement où la ministre de l'Environnement Ségolène Royal a exprimé des divergences avec le Premier ministre.

La ministre a publiquement désapprouvé la décision du chef du gouvernement, prise fin 2015, de prolonger l'activité d'Altéo et, pour six ans, le rejet dans la mer d'effluents aqueux dépassant les seuils réglementaires. Une décision confortée fin février par le tribunal administratif de Marseille.

Dans un communiqué, Manuel Valls rappelle que l'autorisation d'exploitation a été accordée à Altéo "à l'issue d'un programme d'investissement engagé par l'entreprise pour un montant de 30 millions d’euros qui a permis de diminuer massivement la teneur des rejets."

L'usine d'alumine bénéficiait depuis 1966 du droit de rejeter les résidus solides du traitement de la bauxite à une profondeur de 320 mètres dans un canyon marin au coeur du parc national. Quelque 20 millions de tonnes de boues rouges ont depuis été déversées sur plus de 2.000 km2 de fonds marins.

(Edité par Yves Clarisse)