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Quand les placements plaisir virent au cauchemar



Que l'on soit fan de football, de cinéma ou de vins fins, on peut aujourd'hui investir en Bourse dans des activités que l'on aime. Mais attention ! Au rêve de départ succède parfois la dure réalité du marché.

Misez sur le spécialiste des systèmes de péages autoroutiers ! Avouons qu'une telle proposition d'investissement semble peu exaltante. Pourtant, il y a quatre ans, il eût été fort judicieux de placer votre argent dans la société GEA, qui oeuvre dans ce secteur et dont le cours a été multiplié par six depuis. A l'inverse, certains placements dans des secteurs beaucoup plus attrayants en apparence se révèlent catastrophiques.

Prenez Europacorp, société de production cinématographique, présidée par le très médiatique Luc Besson. La société réalise un chiffre d'affaires de 159 millions d'euros et un bénéfice net de 8 millions lorsqu'elle s'introduit en bourse en juillet 2007. Fondée sept ans plus tôt, elle est alors LA success story du cinéma français, auréolée de nombreux cartons, dont ceux des séries "Taxi" ou "Transporteur" (Taxi 4 vient alors de faire 4,5 millions d'entrées en France). L'entreprise explique que son arrivée en Bourse lui permettra d'augmenter le budget de ses films, d'investir plus pour gagner plus, en somme. Malgré les exemples peu enviables des autres sociétés du secteur déjà cotées à Paris (Millimages, Bac Majestic), l'introduction d'Europacorp est un succès. L'augmentation de capital, libellée au prix de 15,50 euros par action, rapporte 70 millions d'euros d'argent frais. Quelques mois plus tard, alors que le titre est tombé à 10 euros, le directeur financier explique encore à qui veut l'entendre que le marché se trompe et qu'un investissement se juge sur le long terme. La chute ne fait pourtant que commencer. Loin d'afficher la pente ascendante promise, les résultats financiers de l'entreprise virent au rouge dès l'exercice 2009/2010, malgré un chiffre d'affaires en hausse. L'année suivante, la croissance flanche, notamment en raison des performances décevantes de la série "Arthur et les Minimoys" à l'international, et les pertes s'aggravent, atteignant 30 millions d'euros. Les résultats de l'exercice qui s'est achevé en mars 2012 seront à nouveau négatifs, pour la troisième année consécutive. L'action Europacorp cote aujourd'hui environ 1,50 euro, en baisse de 90% par rapport au prix d'introduction. Un vrai mélodrame boursier !

Autre "investissement plaisir", en apparence très attirant, le vin. En décembre 2006, la société 1855, nommée d'après le célèbre classement des grands crus médocains, arrive sur Alternext. Se targuant d'être la première société de vente de vins sur internet, 1855 cultive une image de valeur du luxe et surfe, qui plus est, sur la vague montante du commerce en ligne. Elle parvient à lever 15 millions d'euros mais, après une croissance de 30% en 2007, l'activité plafonne, puis s'effondre, 1855 s'attirant alors une mauvaise image auprès des clients et fournisseurs pour ses retards de paiement... et de livraison. Les exercices de pertes s'enchaînent et, pour financer sa survie et sa croissance, la société procède à pas moins de 4 augmentations de capital entre avril 2009 et novembre 2011, multipliant par plus de trois le nombre des actions. Malgré le retour aux bénéfices annoncé en 2011 et le rachat de Chateauonline, le titre fluctue désormais entre 4 et 5 centimes, contre 4,20 euros à l'introduction. Les souscripteurs de la première heure ont été définitivement rincés !

Pour les fans de football et de l'Olympique lyonnais en particulier, le 8 février 2007 a sans doute eu la saveur des grands soirs de victoire. La société propriétaire du club, OL Groupe (suivre le cours d'OL Groupe), vient de boucler son introduction en Bourse avec un grand succès, 14.000 particuliers ayant souscrit à l'opération, preuve de la forte connotation affective d'un tel investissement. Quelques mois plus tard, OL Groupe dévoile les chiffres record de son exercice 2006/2007 : une activité en hausse de 29% et un bénéfice net de 18,5 millions d'euros. Mais trois ans plus tard, rien ne va plus ! Le bel équilibre entre les différentes sources de revenus des joueurs se rompt brutalement, à cause de transferts de joueurs en panne sèche : cette seule activité rapportait 73 millions d'euros (soit un tiers de revenus totaux) sur l'exercice 2006/2007, mais le pactole s'est réduit à 14 millions d'euros sur l'exercice 2009/2010 et peine à remonter la pente depuis. Ajoutons à cela des résultats sportifs en retrait par rapport à la période dorée de la décennie 2000 (sept titres de champion de France consécutifs entre 2002 et 2007) et cela donne une défaite boursière cuisante. Le titre cote aujourd'hui sous les 3 euros, soit une baisse de 88% depuis l'introduction de février 2007.

Un placement plaisir, c'est bien. Mais quand le plaisir dure, c'est mieux !

Emmanuel Schafroth

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