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Qui veut gagner des millions… et la Maison-Blanche ?

On peut être « sans emploi » et ne pas souffrir exagérément de la crise. C'est assurément le cas de Mitt Romney, candidat à l'investiture républicaine pour l'élection présidentielle américaine, contraint par l'amicale pression de ses concurrents, dont Newt Gingrich, à révéler le contenu de sa fiche d'imposition.

Il est vrai que le jeu en valait la chandelle : car si Mitt Romney a vu ses revenus reculer de 3,7% en 2011, ceux-ci ont tout de même représenté la bagatelle de 20,9 millions de dollars (environ 16 millions de dollars) l'an dernier. Voilà qui lui permet de rivaliser avantageusement avec la plupart des ténors de Wall Street, même si les PDG de JP Morgan (Jamie Dimon) et de Blackrock (Laurence Fink) le coiffent au poteau, avec des revenus respectifs de 23 et de 27 millions de dollars.

Quoi de plus normal dans la mesure où Mitt Romney est justement un de ces seigneurs de la finance ! Cet ancien missionnaire de l'Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours, qui était venu prêcher la bonne parole jusqu'en France dans les années 1960, a en effet décidé un jour que charité bien ordonnée commençait par soi-même. En 1984, il co-fonde Bain Capital, devenu un des leaders mondiaux du capital-investissement et notamment connu pour des opérations sur le capital de Burger King, de Toys 'r' Us ou du groupe de communication Clear Channel.

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Etre un candidat et multi-millionnaire, voilà qui ne semble pas spécialement problématique, surtout au pays du dollar-roi et de la réussite individuelle érigée en sacerdoce ! Après tout, il y a un exemple similaire en Europe : richissime fondateur du holding financier Fininvest et du groupe de médias Mediaset, Silvio Berlusconi possède une fortune évaluée à près de 8 milliards de dollars par Forbes, ce qui n'a guère entravé sa remarquable longévité à la tête de l'Etat italien, malgré les frasques qui ont fini par avoir raison de lui. En France, les candidats ont toujours des profils plus modestes, même si quatre de ceux ayant concouru à la présidentielle de 2007 étaient assujettis à l'impôt de solidarité sur la fortune : Ségolène Royal, Nicolas Sarkozy, Corinne Lepage et surtout Jean-Marie Le Pen, alors porte-parole autoproclamé des « petits et des sans-grade », et malgré tout à la tête d'une fortune déclarée de 3,2 millions d'euros.

Non, avoir réussi ne semble pas un handicap pour un candidat à la présidentielle américaine. Cela pourrait même être tourné en avantage, une fortune déjà faite étant un bon gage d'incorruptibilité. Mais ce qui est plus gênant pour Mitt Romney, c'est l'origine de sa fortune, conquise dans ce sulfureux secteur financier, accusé de tous les maux depuis la fin des années 2000 et la « Grande récession » consécutive à la crise des subprimes, cette finance qui a en outre commis le blasphème absolu en retirant son triple A aux Etats-Unis. Surtout, après cette révélation fort peu spontanée sur son aisance financière, c'est du côté fiscal que se concentrent les attaques envers Romney. Ses revenus aujourd'hui essentiellement constitués de dividendes et d'intérêts sur placements subissent un taux d'imposition d'environ 15% quand les Américains qui travaillent sont plutôt taxés aux alentours de 35% ! Barack Obama a d'ailleurs immédiatement contre-attaqué sur ce thème, appelant à ce que les millionnaires américains soient taxés au minimum à 30%, ce qui signifierait pour Romney des impôt plus que doublés. Voilà pour lui une bonne raison de poursuivre avec conviction sa croisade pour l'investiture !

Emmanuel Schafroth