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Un compte bancaire ? Non, un compte sans banque !

compte nickel chez le buraliste

Garantir à tous l'accès à un compte bancaire, c'est une des missions de la Banque de France, ainsi que nous le rappelions récemment ici-même. Une mission à peu près remplie, le taux de bancarisation atteignant 99% en France. La détention d'un compte est en effet un élément de base pour une bonne intégration à la société.

Or, pour les clients en situation précaire, la relation avec le banquier ne va pas de soi, entre la "peur du banquier" qui peut exister d'un côté et le peu d'intérêt accordé par les établissements bancaires à une clientèle peu susceptible de générer d'importantes commissions.

 

De plus en plus de clients fragiles

Toutefois, avec la crise, la clientèle dite fragile augmente numériquement, comme le rappelle une récente étude des cabinets Ailancy et Koïne Conseil. Le taux de chômage a ainsi augmenté de 2,8 points en cinq ans, à 10,9%, tandis que le taux de divorce très important (44,7 divorces pour 100 mariages en 2011 a fait grimper à près de 1,8 million le nombre de familles monoparentales, ce qui peut être un facteur de fragilité. La France compte aussi 2 millions de travailleurs pauvres et 572.000 retraités touchant le miminum vieillesse, et plus de 1% de la population (environ 800.000 personnes) fait l'objet de mesures de protection comme la curatelle ou la tutelle.

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Pour répondre aux besoins d'une clientèle fragile souvent incapable d'épargner et risquant au contraire le découvert chronique, certaines banques ont mis en place depuis longtemps des dispositifs spéciaux, s'adressant notamment aux personnes sous le coup d'interdits bancaires. Ces offres dites GPA (Gamme de Paiements Alternatifs aux chèques) incluent une carte de paiement à autorisation systématique, pour éviter les découverts et des frais réduits en cas d'incidents de paiement. Ces offres restent parfois assez coûteuses (jusqu'à 43 euros par an, auxquels s'additionnent les frais d'incidents), même si BNP Paribas se distingue par une offre de base gratuite. Reste à briser ce que l'étude Ailancy/Koïne Conseil appelle le cercle de la fragilité : l'offre bancaire, n'étant pas adaptée aux clients fragiles, est mal utilisée par eux et ne fait que renforcer leur fragilité.

 

Plus besoin de banque pour avoir un compte

Ce contexte étant posé, l'arrivée ce 11 février du "Compte Nickel" dans le paysage bancaire français sera intéressante à suivre. En effet, il remplace le banquier par un intermédiaire plus ancré dans le quotidien des personnes concernées... le buraliste. Pour ouvrir ce compte, un téléphone mobile en activité et une pièce d'identité suffisent : des formalités réduites au minimum qui vous permettent de repartir fièrement avec votre RIB et votre carte bancaire en poche au bout de quelques minutes et de désacraliser complètement la relation bancaire. Défini par ses créateurs comme la "Logan" de la banque, ce compte offre en effet un coût réduit de 20 euros par an, mais des frais sont aussi facturés sur les retraits : 1 euro si c'est dans un distributeur de billets classique et seulement 50 cents s'ils sont effectués chez un buraliste. Les titulaires de comptes pourront aussi déposer de l'argent chez ledit buraliste, moyennant cette fois une commission de 2%. On se prend déjà à imaginer quelques scènes cocasses dans les bars-tabacs de France, un client légèrement éméché hésitant entre prendre un dernier verre, acheter un jeu à gratter ou... épargner ce qui lui reste en poche. Mais après tout, si ces lieux familiers où certains vont soigner les blessures de la vie peuvent devenir des lieux de responsabilisation financière, pourquoi s'en plaindre.

 

Un nouvel acteur dans le paysage financier

Mais au fait, d'où sort ce "compte sans banque" ? Le compte nickel est né à l'initiative de la Financière des Paiements Electroniques (FPE), qui n'a en effet pas le statut de banque mais d'établissement de paiement. En tant que telle, elle est agréée par l'Autorité de contrôle prudentiel et de résolution, c'est-à-dire l'organisme qui régule les banques en France. Une garantie de transparence sans commune mesure avec des initiatives comme le Bitcoin, cette monnaie virtuelle qui fait tant parler d'elle, mais dont les origines restent obscures. La FPE est présidée par Ryad Boulanouar, un ingénieur qui a notammen travaillé sur des projets informatiques d'envergure comme celui du Pass Navigo ou Monéo. On y retrouve aussi un ancien banquier en la personne d'Hugues Le Bret : l'homme qui, alors directeur de la communication de la Société Générale, eut à gérer début 2008 le séisme de l'affaire Kerviel, avant de présider brièvement la filiale de banque en ligne du groupe, Boursorama.

Reste à savoir si cette initiative sera couronnée d'un succès à la hauteur du buzz médiatique qu'elle suscite. Elle s'appuie en tout cas sur un réseau conséquent, celui des quelque 27.000 buralistes français. D'ailleurs, la Confédération des buralistes est présente symboliquement (5%) au capital de la FPE, majoritairement détenu par les fondateurs et collaborateurs (56%). Oui, il s'agit bien d'un nouvel entrant dans le paysage bancaire, pas du faux-nez d'un réseau en place.

 

Emmanuel Schafroth