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La Russie se retire du traité sur la réduction des armes : "Un geste qui veut faire peur à l'OTAN"

"La décision prise par la Douma de se retirer complètement du FCE est le signe qu'il n'y aura pas de retour à l'architecture de sécurité que nous avons connue dans les années 1990", Bruno Lété, spécialiste de géopolitique au German Marshall Fund, commente ainsi la décision de la Russie du 16 mai 2023 de se retirer du Traité sur les forces armées conventionnelles en Europe.

Signé en 1990 par 34 représentants des États de l'OTAN et les membres du Pacte de Varsovie, le traité régule la quantité d'armes et de matériel militaire déployables par chaque signataire.

Les termes du traité qui a contribué à mettre fin à la Guerre froide

"Le traité a joué un rôle très important dans la fin de la guerre froide", explique Marcin Zaborowski, spécialiste des politiques de sécurité à GLOBSEC, un think-tank engagé dans le renforcement de la sécurité en Europe. "Le FCE contenait des obligations très claires concernant l'équipement que chaque État pouvait stocker, l'équilibre des forces conventionnelles, et il permettait également les inspections" continue l'expert.

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Un pays pouvait décider d’aller chez un ancien concurrent du Pacte de Varsovie ou une puissance antagoniste et inspecter le nombre de chars, de missiles, d'avions, d'hélicoptères qu'elle possédait, et vice versa. Les Russes aussi pouvaient se rendre en Italie, en France ou aux États-Unis et inspecter les bases militaires et voir si tout était conforme.

Le traité visait à créer un équilibre entre les forces militaires de chaque pays signataire avec le but d'éviter une escalade des tensions. "Le texte précise qu'il y a une différence entre un équipement militaire permanent et un équipement qui ne l'est pas" explique Bruno Lété. "Par exemple, la Russie a dénoncé l'OTAN d'avoir tenté d'établir des bases militaires en Roumanie et en Bulgarie en 2007".

Le FCE stipulait également comment et dans quelle quantité les pays pouvaient distribuer les armes lourdes dans les points les plus sensibles géographiquement. "L'aspect géographique du traité a beaucoup à voir avec l'Europe centrale et orientale" décrypte Bruno Lété. "Les zones les plus vulnérables sont les pays baltes, la mer Noire et le Caucase. Ce sont les trois zones géographiques de tension pour lesquelles la Russie et les États-Unis se sont toujours accusés mutuellement de ne pas respecter le traité FCE".

"La Russie ne respecte pas le traité depuis la fin des années 1990"

Le retrait de la Russie du traité a été graduel. "La Russie n'a pas respecté les obligations du traité presque immédiatement" explique Marcin Zaborowski. "Déjà dans les années 1990, la Russie a installé des bases militaires en Géorgie et en Moldavie et a refusé de retirer les troupes stationnées, en violant les dispositions du traité".

Dmitry Medvedev, vice-président du gouvernement russe, se félicite de la décision de la Douma. "Enfin, la Douma a renoncé au traité FCE. Ce document n'est plus pertinent pour nous depuis 2007 " a-t-il écrit sur son compte Telegram, ajoutant que la Russie "maximisera la production d'armes, d'équipements militaires spéciaux et de moyens de destruction".

La raison pour laquelle la Russie a suspendu ses négociations en 2007 trouve ses origines dans le projet des États-Unis de positionner des bases militaires en Bulgarie et en Roumanie. "Les États-Unis avaient clairement indiqué que ces bases n’auraient pas été permanentes. Elles étaient temporaires. Et les conditions du traité FCE l'autorisent. Cependant, la Russie accusait les États-Unis de vouloir rendre ces bases permanentes", explique Bruno Lété.

ne des raisons pour lesquelles la Russie accuse l'OTAN de l'avoir poussée à abandonner le traité. "La Russie avait donné aux pays de l'OTAN une liste de conditions pour rectifier le traité. Mais les conditions proposées par la Russie aux pays de l'OTAN étaient tout simplement inacceptables. Fondamentalement, ces conditions auraient mis en danger la défense des États membres de l'OTAN" conclut l'expert.

En 2015, la Russie a d'ailleurs mis fin aux échanges d'informations militaires avec les autres signataires du traité, ainsi qu’aux inspections.

Un geste "symbolique"

Selon les experts, la décision russe est un geste symbolique avec peu de conséquences concrètes. "Se retirer officiellement du traité FCE n'est qu'une formalité. Ce n'est qu'une mise en scène. Dans les faits, cela n'a aucun impact. La Russie a cessé de suivre ce traité en 2007 et a mis fin aux inspections en 2015. Il s'agit donc d'un vieux document que la Russie ignore depuis plus d'une décennie" explique Keir Giles, spécialiste de la Russie à Chatham House.

Selon Bruno Lété, il n'y a pas de quoi s'inquiéter : "Si l'on examine le nombre d'équipements lourds dont dispose actuellement la Russie, on s'aperçoit qu'il est bien au-dessous des limites fixées par le traité". "En raison de la guerre en Ukraine, la Russie perd encore plus d'équipements lourds jour après jour. D'un point de vue pratique, l'impact du retrait est donc nul. Je vois plutôt cela comme une faible tentative politique de la part de la Russie de faire pression sur l'Occident" commente le chercheur.

Selon Zaborowski, Vladimir Poutine cherche à envoyer un message clair à l'Occident. "Il nous dit en quelque sorte que la Guerre froide est de retour. 'Je vous traiterai comme mes ennemis' . Il veut nous dire que notre aide à l'Ukraine n'est pas acceptable par la Russie et que cela signifie 'l'Ukraine est notre ennemie, alors vous l'êtes aussi. Et vous devriez tous craindre cela'".