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Quand l'investissement n'est pas qu'une histoire d'argent

ISR

Du 11 au 20 octobre se déroule en France la semaine de l'investissement socialement responsable. Mais à quoi correspond exactement ce concept dont on parle de plus en plus, mais que les français connaissent encore mal.

 A la lumière du récent sondage mené par Ipsos pour l'agence de notation Eiris et le Forum pour l'investissement responsable, il ressort que deux tiers des Français déclarent ne jamais avoir entendu parler d'investissement socialement responsable (ISR) et que seuls 6% des sondés sont capables de le définir précisément.

Traditionnellement, le choix d'un investissement passe essentiellement par l'examen de ses critères financiers, comme par exemple, dans le cas d'une action, les ratios financiers et de valorisation de l'entreprise : marge bénéficiaire de l'entreprise, ratio cours sur bénéfices et bien d'autres indicateurs plus ou moins complexes.

Ne pas regarder l'investissement que par les critères financiers


Le principe de l'ISR consiste justement à fonder aussi le choix d'un investissement sur d'autres critères, non financiers, qu'on peut regrouper en trois familles (environnement, social, gouvernance), d'où leur appellation de "critères ESG". Les investisseurs pratiquant l'ISR vont ainsi s'intéresser, par exemple, au niveau des émissions de gaz à effet de serre d'une entreprise, à la qualité de ses relations avec ses salariés, ses clients, ses fournisseurs, mais aussi avec ses actionnaires minoritaires (le mode de gouvernance de l'entreprise garantit-il leurs droits?), et avec la société civile. Dans une certaine mesure, l'ISR est donc l'application au monde de la finance des principes du développement durable, défini en 1987 par le rapport Brundtland comme un "mode de développement répondant aux besoins des générations présentes sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs."

De la gestion éthique à l'ISR

En réalité, l'ISR est né avant les préoccupations pour le développement durable, au 19e siècle, lorsque des congrégations religieuses américaines ont souhaité introduire une règle éthique dans la façon dont étaient gérés leurs investissements. L'idée était alors simple : exclure certains secteurs d'activité jugés immoraux de l'univers d'investissement, comme le tabac, l'alcool ou l'armement. Cette gestion éthique est arrivée en France en 1983 lorsque la société financière Meeschaert a lancé le fonds Nouvelle Stratégie 50, à la demande de congrégations religieuses regroupées au sein de l'association Ethique et investissement, à l'initiative de Soeur Nicole Reille, décédée en 2012.

Cette gestion éthique, fondée sur l'exclusion sectorielle, reste un marché de niche. C'est surtout via une autre méthode, plus déconnectée de la notion de morale, que l'investissement socialement responsable s'est développé : le best in class (meilleur de la classe). Dans ce cas de figure, le gestionnaire d'un fonds ISR va regarder, au sein d'un même secteur, la note extra-financière des différentes entreprises et éliminer les plus mauvaises, ce filtrage pouvant être plus ou moins sévère. Pour effectuer ce travail, les sociétés de gestion d'actifs (c'est-à-dire les sociétés qui créent et gèrent des produits financiers, comme les SICAV et autres Fonds communs de placement que vous trouvez au guichet de votre banque), utilisent des analystes spécialisés ou ont recours à des agences de notation extra-financières, comme Eiris citée plus haut ou la société française Vigeo, présidée par l'ancienne syndicaliste Nicole Notat. Alors que les agences de notation financières notent la solvabilité des entreprises, celles-ci évaluent leur comportement écologique ou social.

Un concept en expansion rapide

Ces dernières années, l'ISR a connu un développement très rapide en France. Selon Novethic, qui attribue chaque année un label aux fonds ISR, les encours (c'est-à-dire la totalité des sommes gérées par les fonds obéissant aux principes de l'ISR) ont progressé de 69% en 2011, pour atteindre 115 milliards d'euros. Ce chiffre important est en partie attribuable à la conversion de fonds déjà existants à la gestion ISR. Pourquoi cet empressement, alors même que les Français semblent si peu informés sur ce qu'est l'investissement socialement responsable ? Tout simplement parce que les sociétés de gestion ne vendent pas uniquement leurs produits aux particuliers, mais aussi aux investisseurs institutionnels (mutuelles, caisses de retraites), dont certains ont des exigences importantes en matière d'ISR.

Comme le rappellent Franca Perrin et Françoise Quairel-Lanoizelée, en préambule de leur ouvrage "L'ISR : valeur financière-valeur éthique", le concept d'investissement socialement responsable peut être vu comme un oxymore, c'est-à-dire une alliance de mots contraires. En effet, lorsqu'on investit, c'est pour gagner de l'argent, pas pour une quelconque visée morale. Pourtant, le principe de regarder une entreprise sous un autre angle que ses seuls résultats financiers est aussi un moyen de mieux la connaître, de comprendre ses atouts et ses faiblesses. Savoir qu'une entreprise de haute technologie a de mauvaises relations avec ses salariés peut permettre d'anticiper qu'elle aura du mal à attirer des talents. Quant à celle qui néglige de surveiller sa consommation énergétique, elle risque d'en payer le prix à chaque hausse du prix de l'énergie.

Emmanuel Schafroth

En savoir plus
- Novethic et son label ISR
- Les événements de la Semaine de l'ISR :

A lire :
"L'ISR : valeur financière-valeur éthique", de Franca Perrin et Françoise Quairel-Lanoizelée
Editions Economica