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Le Qatar veut-il faire une OPA sur la France ?


Rachat du PSG, prises de participation dans Lagardère, LVMH ou Vivendi. Les Qatariens achètent à tour de bras en France. Faut-il y voir une lubie d'émir désoeuvré ou une vraie stratégie d'investissement ?



Le Qatar est un bien curieux pays. Grand comme l'Île-de-France, il est peuplé d'environ 1,7 millions d'habitants, dont 90% d'étrangers, les nationaux étant pour l'essentiel employés dans l'administration. En 1971, cette péninsule occupant une position stratégique au beau milieu du Golfe persique a fait le choix de l'indépendance, refusant à la fois de rejoindre l'Arabie Saoudite et les Emirats arabes unis. Il est vrai que les Qatariens ont sous leurs pieds 14% des réserves mondiales de gaz naturel et que cette ressource, remplaçant avantageusement la culture de perles, a propulsé le pays à la première place mondiale en ce qui concerne la richesse par habitant.

Sport, immobilier, médias, luxe: le Qatar est partout...
Outre le rachat spectaculaire du club de football du Paris-Saint-Germain l'an dernier, le Qatar vient d'annoncer coup sur coup une montée au capital de Lagardère, dont il détient désormais 13%, et des prises de participations dans Vivendi et LVMH. Les Qatariens auraient-ils un amour exclusif pour notre pays ? Il serait bien naïf de le croire. Tout d'abord, il faut rappeler que ce pays parfaitement inconnu il y a 30 ans n'est rien de moins aujourd'hui qu'un des premiers investisseurs au monde avec un portefeuille d'actifs à l'international qui devrait atteindre 210 milliards de dollars cette année. Cela représente à peu près 8 fois la puissance de feu du Fonds stratégique d'investissement lancé par la France, et la prise de participation de 1% dans LVMH représente ainsi moins de 0,5% des actifs qatariens. Tout comme on entend régulièrement parler des acquisitions de grands fonds anglo-saxons, il faut s'attendre à voir revenir de plus en plus souvent le nom du Qatar dans des opérations financières... ici ou ailleurs.

... et n'investit pas qu'en France
La France, avec laquelle le petit royaume entretient des liens de proximité, est loin d'être une cible exclusive pour les Qatariens, qui placent aussi leurs capitaux au Royaume-Uni, en Espagne ou en Suisse. Et quand, il s'est agi d'investir dans l'industrie automobile, ils semblent s'être souvenus de la publicité mettant en scène un émir refusant à son fils l'achat d'une Renault Clio au motif qu'elle n'est "pas assez chère". C'est sur l'automobile allemande qu'ils ont jeté leur dévolu, en prenant 7% de Volkswagen et surtout... 10% de Porsche. Si les marques de luxe semblent tant attirer l'argent de la rente gazière (qui a aussi permis de racheter le palace parisien Royal Monceau), ce n'est pas seulement par goût du "bling bling". La croissance mondiale, portée par l'Asie, a fait bondir le nombre de milliardaires de moins de 500 à plus de 1.200 ces dix dernières années, ce qui n'est pas sans rapport avec l'excellente tenue boursière du secteur du luxe.


Un vrai travail sur l'image
Toujours pour tirer profit de ce déplacement rapide de l'économie mondiale, le Qatar mise sur le tourisme. Bénéficiant d'une situation géographique qui en fait un "hub" idéal dans les déplacements aériens entre Asie et Europe, le petit Etat a développé de manière fulgurante la compagnie aérienne Qatar Airways, dont le parc est passé de quatre avions en 1997 à une centaine aujourd'hui. Et le carnet de commandes a de quoi donner le sourire à Boeing et Airbus réunis. D'ailleurs, le Qatar s'intéresse de près à la participation détenue par Daimler dans EADS, maison-mère de l'avionneur européen. Bref, les investissements déjà réalisés ou en préparation doivent plus au pragmatisme qu'au hasard. Autre exemple : la participation de près de 6% dans le groupe de BTP Vinci, à un moment où le Qatar investit massivement dans des infrastructures, comme le réseau de tramway que construit QDVC, filiale commune du Qatar et de... Vinci. Sans doute conscient d'un certain déficit de notoriété à l'international, le Qatar travaille son image, ce qui l'a amené à investir dans le sport. C'est évidemment ce qui l'a amené à racheter le PSG mais aussi à venir au capital de Lagardère, dont la filiale Lagardère Unlimited est active dans la représentation d'athlètes et le marketing sportif. Les enjeux sont importants et le pays peut déjà se targuer d'avoir remporté l'organisation de la Coupe du monde de football 2022. Quant à sa capitale Doha, elle fait aussi partie des cinq villes restant en lice pour les Jeux olympiques 2020 !


On le voit, le Qatar est bien loin du pays peuplé de chameaux et de bédouins qu'il était il y a quelques décennies encore, et l'élite de la petite péninsule est aujourd'hui formée dans les meilleures écoles de France, de Grande-Bretagne ou des Etats-Unis. Surtout, la mission que se fixe le Qatar Investment Authority, principal bras financier de l'Etat qatarien hors de ses frontières, est éminemment clair : il s'agit de diversifier les sources de revenus d'une économie qui tire sa prodigieuse santé d'un sous-sol riche, mais pas inépuisable. Au Qatar, l'ère post-pétrolière a déjà commencé. Pouvons-nous en dire autant ?

Emmanuel Schafroth

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