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Le modèle social allemand est-il si enviable ?

Le dialogue syndical fonctionne mieux en Allemagne qu'en France. Et si cette idée souvent considérée comme évidente était l'arbre qui cache la forêt ?

Berthold Huber, président d' IG Metall, le grand syndicat de l'industrie allemand

Le modèle social... voilà une des choses qu'on a coutume en France d'envier à nos voisins d'outre-Rhin. Il est supposé fonctionner de manière plus vertueuse, plus efficace en Allemagne que chez nous. Certes, les syndicats français ont de quoi jalouser la meilleure représentativité de leurs homologues allemands, comme IG Metall, le grand syndicat de l'industrie, présidé par Berthold Huber (en photo) ou Ver.di, celui des services.

Des salariés allemands plus syndiqués que les Français

Avec un taux de syndicalisation (nombre de salariés syndiqués par rapport au nombre total de salariés) de seulement 7,6% en 2008, la France figurait en queue de peloton des pays appartenant à l'Organisation de Coopération et de Développement Economiques (OCDE). Seules l'Estonie et la Turquie font pire ! Mais sur ce plan, l'Allemagne, avec ses 19,1% de syndiqués en 2008, ne figure jamais qu'en milieu de classement, très loin derrière les pays nordiques: deux tiers des salariés danois, suédois ou finlandais sont syndiqués. Et si les effectifs des syndicats allemands n'ont pas fondu autant que ceux des syndicats français (la CGT ne compte aujourd'hui moins de 700.000 adhérents contre 4 millions après la seconde guerre mondiale), l'érosion est également sensible pour eux. Les derniers chiffres allemands disponible font état en 2010 d'un taux de syndicalisation qui a reflué à 18,5%, contre 24,6% une décennie auparavant.


Le niveau de salaire n'est pas l'affaire de l'Etat

Non, ce qui différencie vraiment le système allemand du français réside ailleurs, dans la notion d' « autonomie tarifaire ». Ce principe a été inscrit dans la constitution allemande après la chute du régime et porte la marque d'une défiance vis-à-vis du pouvoir politique et de ses excès possibles. Il donne le pouvoir aux partenaires sociaux de fixer, par branche économique et sans intervention de l'Etat, les conditions de travail, et notamment le salaire. Autrement dit, il n'existe pas en Allemagne de salaire minimum fixé par l'Etat et celui-ci n'est pas amené à intervenir dans les négociations qui ont régulièrement lieu. Cette particularité du modèle allemand explique des écarts de salaires plus importants qu'en France d'un secteur économique à l'autre. Cette souplesse permet aussi de faire baisser rapidement les charges salariales des entreprises en période de crise, les partenaires sociaux pouvant s'accorder sur des baisses temporaires de salaires. Ce fut le cas lors de la crise financière de 2008/2009. Malgré une contraction de l'économie plus violente en Allemagne qu'en France, le pays n'a alors quasiment pas perdu d'emplois. La fameuse compétitivité allemande doit sans doute plus à cette grande flexibilité qu'à un coût du travail finalement assez voisin de celui constaté en France.


Moins de chômeurs, mais des salariés plus pauvres

Le dispositif législatif allemand a été complété entre 2003 et 2005, sous le mandat de Gerhard Schröder, par les lois Hartz, qui ont instauré une série de mesures visant à faire diminuer le taux de chômage, lequel s'était envolé au-dessus des 10%: réduction de la durée d'indemnisation des chômeurs à 12 mois contre 32 précédemment, exemptions de charges supplémentaires sur les bas salaires, encouragement à la formation professionnelle. Cette législation a été et reste très controversée mais son objectif a été rempli : le taux de chômage en Allemagne a été ramené aujourd'hui à 5,3%, selon la définition du Bureau international du travail, soit deux fois moins qu'en France. Mais ce modèle allemand a aussi son revers et, en favorisant les emplois à temps partiel faiblement rémunérés, il a plutôt accru les inégalités. Le taux de pauvreté chez les chômeurs, mais aussi chez les personnes ayant un emploi, est ainsi orienté à la hausse. Mieux vaut avoir des salariés pauvres que des chômeurs: ainsi pourrait-on résumer l'esprit du modèle social allemand. Doit-on et peut-on l'imiter en France, où l'on a plutôt l'habitude de protéger les chômeurs ? Cela reste à voir !

Emmanuel Schafroth

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