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Dassault, un empire technologique français

C'est un rescapé des camps nazis qui a donné naissance à ce holding diversifié, même s'il porte encore la marque de l'ingénieur que fut son fondateur.

Dassault

Aujourd'hui tombé en désuétude, le prénom Marcel eut son heure de gloire au tournant des 19è et 20è siècles. Il nous a donné deux entrepreneurs hors normes, ayant en commun une origine juive et le fait d'être passés à la notoriété sous un patronyme différent de leur nom de naissance. Fondateur du groupe de communication Publicis, Marcel Bleustein devient Marcel Bleustein-Blanchet après la deuxième guerre en accolant à son nom son pseudonyme de résistant. Comme lui, Marcel Bloch, ingénieur et pionnier de l'aéronautique, fondateur en 1928 de la Société des avions Marcel Bloch, vit ses ambitions et sa vie même bouleversées par la deuxième guerre mondiale. Arrêté en 1940, il sera déporté au camp de Buchenwald.

L'aviation militaire comme premier fer de lance

Peu après sa libération en 1945, c'est par déformation de "chardasso", le pseudonyme de résistant de son frère aîné, le général français Darius Bloch, que la famille trouve son nom d'emprunt. Marcel Bloch devient Marcel Dassault. Si la paix est revenue, la Générale aéronautique Marcel Dassault continue de préparer la guerre et s'illustrera surtout, dans un premier temps par des avions aux noms aussi poétiques que leur vocation est militaire : l'Ouragan en 1949, suivi du Mystère et du Mirage III en 1956. Dès ces années-là, le groupe entame une diversification, mais elle est encore modeste et peut apparaître comme la volonté du patron de se "payer une danseuse". En 1955, Dassault rachète à Saint-Emilion le Château Couperie, sur un "coup de coeur réfléchi". Il devient le Château Dassault et accède au statut de Grand cru classé en 1969. C'est aujourd'hui Laurent Dassault, petit-fils de Marcel, qui gère la propriété qui, avec ses 46.000 bouteilles produites et ses 2,9 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2012, est la plus petite des sept filiales directes du Groupe Dassault.

Une diversification assez précoce dans la presse

Fin 1954, Marcel Dassault se lance aussi dans la presse, avec l'hebdomadaire Jours de France, dont quelques exemplaires traînent encore dans les salles d'attente de certains médecins. Si ce magazine s'est arrêté à la fin des années 1980, les ambitions du groupe dans la presse sont allées beaucoup plus loin. Il est aujourd'hui propriétaire du Groupe Figaro (520 millions d'euros de chiffre d'affaires), connu pour le quotidien du même nom, racheté à la famille Hersant. Autre investissement "plaisir" des Dassault, la maison de vente aux enchères Artcurial, qui occupe notamment un bel emplacement sur les Champs-Elysées... ou plus exactement au rond-point des Champs-Elysées-Marcel-Dassault, dans un hôtel particulier qui porte lui aussi le nom du fondateur ! Le Groupe Dassault a aussi un pied dans l'immobilier, via le holding coté Immobilière Dassault, qui gère un patrimoine de près de 330 millions d'euros et accueille des actionnaires minoritaires comme la famille Peugeot et le producteur de cinéma Michel Seydoux.

Dès le début des années 1960, le groupe s'est aussi tourné vers l'électronique. La société Electronique Marcel Dassault sera ensuite renommée Electronique Serge Dassault (symbole du changement de génération) pour finir dans le giron de Thomson CSF en 1998. La famille conserve toujours un oeil sur cet héritage, même dilué au fil des fusions : en effet, le groupe est aujourd'hui actionnaire à 26% de Thales, le nouveau nom de Thomson-CSF, notamment après le rachat des parts que détenait Alcatel dans la société. Son activité principale reste l'aéronautique et le spatial, avec la société belge SABCA, détenue à 53,3%, mais surtout avec Dassault Aviation et ses 3,9 milliards d'euros de chiffre d'affaires. Si la société est connue pour le Rafale, ce n'est plus le militaire qui domine cette activité : la division Falcon représente 71% des ventes, grâce aux 66 jets d'affaires livrés l'an dernier.

Le logiciel... l'autre grande activité de Dassault

Mais le groupe dispose d'un autre fleuron avec Dassault Systèmes : cette société lancée en 1981 édite des logiciels de conception et de maquette numérique en trois dimensions de produits industriels complexes. Parmi se clients les plus prestigieux figurent les principaux avionneurs de la planète (Airbus, Boeing et bien sûr Dassault Aviation) mais aussi une myriade de constructeurs automobiles (Renault, BMW, Peugeot, Daimler, Toyota, Porsche,...) ou ferroviaires (Alstom, Bombardier). Si cette belle réussite de la high tech française n'égale pas encore la filiale aéronautique du groupe par le chiffre d'affaires et les bénéfices, elle la dépasse déjà en matière de valorisation boursière, avec une capitalisation de plus de 11 milliards d'euros.

Emmanuel Schafroth

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