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Centrafrique: Nicolas Tiangaye, réputé "intègre dans un océan de corruption"

L'avocat Nicolas Tiangaye, reconduit mercredi Premier ministre en Centrafrique après la prise du pouvoir par la rébellion, apparaît dans son pays comme un juriste réputé et un défenseur des droits de l'Homme au parcours respecté. "Un homme intègre dans un océan de corruption", assure un diplomate. "Il est intègre. Son parcours est impeccable. Il ne transige pas", renchérit Martin Ziguélé, un des principaux opposants. "Quelqu'un de bien", affirme Eric Massi, coordonnateur de l'alliance rebelle Séléka. "On le respecte", dit aussi un membre du pouvoir. Rares sont, pour l'instant, les critiques, même si certains déplorent le tempérament "soupe au lait" de cet homme trapu au visage rond, portant fine moustache et lunettes à montures dorées. Sans être charismatique, Nicolas Tiangaye, franc-maçon et avocat à la diction lente, semble peser chacun de ses mots et de ses actes. Né en 1956 à Bocaranga (nord-ouest), d'un père infirmier, il a effectué ses études de droit à Bangui puis en France (à Orléans, centre), obtenant son titre d'avocat en 1980. Six ans plus tard, il se rend célèbre aux côtés de l'avocat français Francis Szpiner en défendant, à Bangui, l'ex-"empereur" centrafricain Jean-Bedel Bokassa (1966-1976), qui sera condamné à mort, puis gracié et finalement libéré en 1993. "A l'époque (en 1986, ndlr), il y avait six avocats en Centrafrique. J'étais le plus jeune. Deux défendaient déjà les parties civiles, un ne voulait pas" défendre Bokassa, se souvient-il. En 1989, il prend en charge une autre affaire très médiatique, celle d'un général nommé... François Bozizé, accusé de complot par le régime du général-président André Kolingba (1981-1993). "Je remplissais mon rôle d'avocat. Il a été acquitté, je ne le regrette pas", confie-t-il à propos de Bozizé, qui deviendra plus tard son "pire ennemi" en tant que chef de l'Etat, selon un diplomate occidental. En 1991, Nicolas Tiangaye doit se défendre d'accusation de complot. La même année, celui qui dit trouver son inspiration chez le comique français Coluche, et les personnalités catholiques mère Teresa ou l'abbé Pierre, fonde la Ligue centrafricaine des droits de l'Homme, qu'il présidera jusqu'en 2004. Entre-temps, en 1996, il défend au Tribunal pénal pour le Rwanda l'un des responsables accusés de génocide, Jean-Paul Akayesu, finalement condamné à la perpétuité. Jamais élu Après avoir refusé un poste de Premier ministre sous la présidence d'Ange-Félix Patassé (1993 à 2003), il se lance en politique lorsque celui-ci est renversé par le général Bozizé, il y a dix ans. Il préside alors le Conseil national de transition (parlement de transition). Et il est l'un des principaux artisans de l'actuelle Constitution adoptée en 2004, qui prévoit que le président ne puisse pas effectuer plus de deux mandats de suite. Selon lui, il se heurte alors au chef de l'Etat qui lui en voudra toujours. Tiangaye accuse Bozizé d'avoir bloqué par deux fois son élection comme député en truquant les scrutins. Un membre du régime de Bozizé balaie ces accusations: "Tiangaye, il passe bien dans les tribunaux et en Europe, mais il n'est pas populaire. Il n'a jamais gagné une élection". Il devient Premier ministre le 17 janvier dernier, après la signature de l'accord de paix de Libreville. Il renonce alors à une ambition présidentielle, cet accord interdisant au Premier ministre d'être candidat à la magistrature suprême. "Tout le monde ne peut pas être président! Je vois cela comme un sacerdoce. Je veux jeter les bases de la démocratie dans mon pays", assure-t-il. Au cours des deux mois qu'il a déjà passés à son poste de Premier ministre, il a dû faire face à l'inertie voire au "sabotage" du clan Bozizé qui a limité les actions du gouvernement d'union nationale, souligne un observateur. L'homme de lois devra désormais composer avec l'ex-chef rebelle Michel Djotodia, qui s'est posé dimanche en nouveau maître du pays pour "trois ans", annonçant suspension de la Constitution et dissolution de l'Assemblée. Mercredi, le Premier ministre a lui-même justifié cette situation en jugeant "juridiquement impossible" le maintien, "dans la situation actuelle", de la Constitution. Il veut s'arc-bouter sur l'accord de Libreville qui a posé un cadre jusqu'à la date butoir de 2016 pour l'organisation d'élections. On le sent, en tout cas, soulagé de ne plus avoir à affronter le président déchu. Il assure que les relations avec M. Djotodia "seront meilleures qu'avec François Bozizé qui étaient trop conflictuelles".