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Pfeiffer: l'entreprise qui vend du vide

C'est bien connu : la nature a horreur du vide. C'est bien pour cela que le vide a un coût. C'est même un marché à plus de 5 milliards de dollars.

cadres

Avec près de 80% de son chiffre d'affaires à l'export et même un gros tiers en Asie, voici une société qui répond parfaitement à l'idée que l'on se fait de l'entreprise industrielle allemande moyenne. Mais elle a une caractéristique tout-à-fait singulière: elle vend du vide. Fondée en 1890 par Arthur Pfeiffer, la société Pfeiffer Vacuum a notamment commercialisé en 1958 les premières pompes turbomoléculaires, devenues la référence dans le segment haut de gamme des pompes destinées à créer le vide, c'est-à-dire à vider un espace clos des molécules gazeuses. Et le marché du vide, ce n'est pas rien ! En 2011, les ventes de pompes à vide, accessoires et services liés a ainsi représenté pas moins de 5,2 milliards de dollars au niveau mondial.

Quand l'électronique a besoin de vide

Le premier débouché est l'industrie des semi-conducteurs, qui capte 37% du marché total. C'est sur ces matériaux à la conductivité intermédiaire entre celle d'un métal et d'un isolant que sont gravées les puces qui équipent les innombrables produits électroniques que nous utilisons au quotidien : une phase qui utilise de plus en plus un procédé appelé lithographie EUV (extrême ultra-violet) dont la précision absolue nécessite le vide d'air. On estime ainsi que les technologies du vide comptent pour 5,9% du total des investissements nécessaires à la mise en place d'un site de production de semi-conducteurs. Mais le vide trouve des applications dans beaucoup d'autres marchés, comme les revêtements de CD, DVD ou écrans OLED, la production de cellules solaires photovoltaïque, les procédés d'analyse et de mesure industrielle (spectromètres de masse, métrologie), et même la pharmacie, le textile ou l'industrie agroalimentaire (packaging de plats conditionnés).

La métamorphose d'une belle endormie

En 2009, Pfeiffer Vacuum détenait une part de 7% sur le marché mondial du vide industriel, mais de plus de 30% sur sa niche, les pompes turbomoléculaires. Et elle avait tout d'une belle endormie... "La société avait des fonds propres élevés, de belles marges, elle versait un dividende confortable, et son marché était porteur, mais elle n'avait pas de projets de développement sur un marché où la concurrence évolue peu, du fait de solides barrières à l'entrée", résume Stéphane Prévost, gérant de fonds et directeur général de La Financière responsable. Pourtant, la société a depuis réussi à sortir de ce statut, et réalisé une véritable révolution stratégique. "Début 2010, le premier élément déclencheur de ce changement de dimension a été une petite acquisition, celle de la société allemande Trinos, qui fabrique des chambres à vide. Mais surtout, à la fin de cette même année, Pfeiffer Vacuum a racheté Adixen, une ex-filiale d'Alcatel-Lucent, spécialiste des pompes de soutien", poursuit Stéphane Prévost. En moins d'un an, l'entreprise voit ainsi ses effectifs tripler, passant de 700 à 2.200 collaborateurs, et se renforce considérablement aux Etats-Unis et surtout en Asie, grâce à l'intégration d'Adixen. Ainsi, la Corée du Sud représente à elle seule 16,5% des 519,5 millions d'euros de chiffre d'affaires enregistrés en 2011 par Pfeiffer Vacuum.

Devenir numéro un du vide

Ce changement de dimension a véritablement fait sortir l'allemand de sa niche, fructueuse mais limitée. Les pompes à vide ne sont que des éléments de systèmes plus vastes, les chambres à vide, qui incluent aussi des équipements de mesure laser, scanners et autres éléments optiques. Désormais, Pfeiffer s'intéresse à tous les composants et services autour de son activité de base et veut devenir le leader mondial des solutions du vide. Elle est d'ores et déjà en deuxième place, avec 15% de parts de marché, derrière le britannique Edwards et ses 23%. En 2012, le bénéfice d'exploitation a augmenté de près de 10%, à 67,7 millions d'euros. Voici qui matérialise les nouvelles ambitions de la société, dignes de ses références prestigieuses : elle équipe notamment le plus grand accélérateur de particules (26,7 kilomètres de circonférence), installé en souterrain à la frontière franco-suisse et exploité par le CERN. C'est là que le fameux boson de Higgs, véritable chaînon manquant de la physique des particules, a peut-être été identifié en juillet 2012. "Pfeiffer Vacuum est un véritable cas d'école des entreprises qui, à un moment de leur histoire, décident de voir plus grand, de changer de damier stratégique", estime Olivier Johanet, président de la Financière responsable. Comme Felix Baumgartner, le plongeur de l'espace, l'entreprise a réussi à faire un grand saut dans le vide. Mais celui-ci est ascensionnel !



Emmanuel Schafroth

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